El Niño, incendies et réchauffement

Les scientifiques climatologues, météorologistes et certains journalistes tel Hervé Kempf, journaliste à la Recherche, s'accordent à reconnaître qu'au niveau planétaire, la fréquence et l'intensité globale des feux de forêts sont fortement corrélées à la force du phénomène El Niño, même si sur le plan local les incendies sont liés aux conditions de sécheresse. La dernière occurence d'ENSO en 1997-98 a coincidé avec un nombre anormal de feux de forêts à travers le monde : notamment un bilan de 1,6 millions d'hectares de forêts ravagés aux Etats-Unis (chiffre du Monde, 8 août 2000).

En 1997, le Fond Mondial de la Nature (World Wide Fund) s'est également inquiété des incendies menaçant les îles de Sumatra, Bornéo, etc. abritant des forêts tropicales humides, écosystèmes les plus riches de la planète. Plus de 800 000 hectares en Malaisie et Indonésie auraient été ravagés par les flammes. Des études menées par ces associations dans l'Est du Kalimantan (Indonésie) après les violents incendies en 1982-83 ont montré qu'ils étaient liés au phénomène El Niño. Enfin, elles s'inquiètent également de la pollution de l'air car les émissions renforcées de gaz carbonique dues aux incendies devraient conribuer à accroître l'effet de serre, c'est-à-dire le réchauffement global de la planète.

Ceci est confirmé par l'Organisation de Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) qui estime par ailleurs que les incendies de forêts provoqués par El Niño ont non seulement des incidences sur le réchauffement climatique dû à l'effet de serre mais aussi sur la sécurité alimentaire, si bien que le Système Mondial d'Information et d'Alerte Rapide (SMIAR) de la FAO, dirigé par Abdur Rashid, suit en permanence les effets d'El Niño sur les cultures et les forêts.

Cependant Robert Kandel, directeur de recherche au CNRS (Laboratoire de météorologie dynamique), dans un article paru dans Science au présent (édition 2001), se montre plus nuancé en expliquant qu'il faut réduire d'un facteur trois l'estimation de l'effet direct moyen des fumées sur le bilan radiatif du globe. L'effet des fumées devient alors peu significatif à côté des émissions anthropiques d'aérosols sulfatés et gaz à effet de serre.



El Niño influence-t-il directement le réchauffement ?   Acteurs internationaux