El Niño influence-t-il le réchauffement
de la planète à son tour ?

Les avis divergent fortement, à savoir là aussi que l'OMM (Organisation Météorologique Mondiale) et la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) ont établi que 1997 était l'année la plus chaude jamais enregistrée (depuis 150 ans), alors que d'autres chercheurs eux-aussi de la NOAA estiment qu'au contraire El Niño freinerait le réchauffement de la planète. Pour de nombreux organismes et scientifiques, le phénomène ENSO déclencherait des incendies de forêts exceptionnels et donc contribuerait à l'accroissement de l'effet de serre (voir page "El Niño, incendies, effet de serre")

L'OMM

  Le phénomène El Niño a contribué à la tendance au réchauffement du globe, en battant de façon spectaculaire des records de température. Pendant les cinq premiers mois de 1998, la température moyenne de la Terre a dépassé de 1,1 oC la moyenne de référence, de 18,5 oC établie entre les années 1961 et 1990. Certains scientifiques sont d'avis que le réchauffement du globe aggrave peut-être les effets d'El Niño. Dans la zone critique du Pacifique tropical située à l'est de la ligne de changement de date, les températures à la surface de la mer se sont beaucoup abaissées en mai 1997 et, vers la mi-juin, elles étaient tombées à près de 2 oC au-dessous de la normale.

El Niño a contribué au record mondial de chaleur en 1997. D'après l'Organisation météorologique mondiale (OMM), le très vigoureux épisode d'El Niño - Oscillation australe (ENSO) a beaucoup contribué au maximum absolu de la température mondiale établi en 1997. D'après les analyses émanant des grands centres climatologiques et provenant des services nationaux de météorologie et d'hydrologie des membres de l'OMM, la température estimative moyenne du globe, en surface, pour les zones terrestres et maritimes, a en moyenne dépassé de 0,44oC la température moyenne de la période de base de 1961-1990. L'année antérieure la plus chaude fut celle de 1995 (anomalie de +0,38oC). Les températures des Tropiques (30oS-30oN) ont été les deuxièmes des températures les plus élevées des relevés historiques et, aux latitudes moyennes, les températures ont en moyenne dépassé la normale pendant l'année dans une grande partie du centre et de l'ouest de la Russie, dans l'Europe de l'Ouest, dans l'Alaska et les côtes ouest des Amériques. Parmi les zones plus froides que la normale, citons les deux tiers est de l'Amérique du Nord, le Moyen-Orient, le nord de l'Inde et de grandes parties de l'Australie.

Grâce à El Niño, le monde a connu son mois de février le plus chaud depuis le début des relevés mondiaux, en 1856. Suivant un rapport diffusé par l'Organisation météorologique mondiale, la température moyenne de l'air, dans le monde, a dépassé de 1,35oC la normale pour février. Le rapport a aussi révélé que l'hémisphère nord a connu son mois de février le plus chaud depuis 1950. Des inondations désastreuses en Afrique orientale, attribuées à El Niño, se sont atténuées pour la première fois depuis octobre 1997. Dans l'île de Bornéo ravagée par le feu, les températures ont égalé le maximum antérieur de 30oC enregistré pendant l'épisode de 1982-1983 d'El Niño.

La NOAA : 2 avis différents

"Globalement, 1997 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée", affirme un rapport de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) américaine, rendu public lundi 8 juin. La tendance se poursuit pour les cinq premiers mois de 1998, qui battent eux aussi tous les records de chaleur.

Les mesures, réalisées de janvier à mai 1998 près de la surface des océans et des terres émergées par les stations météo, les navires, bouées et satellites, indiquent que la température moyenne dépasse de 0,25 degrés (0,32 degré sur terre et 0,20 degré en mer) le record enregistré jusqu'à présent pour cette période de l'année. Au Etats-Unis, durant ces cinq derniers mois, "de nombreux Etats ont battu tous les records de température moyenne et de précipitations enregistrés depuis 1895". Si l'on se réfère à l'examen des cernes de croissance des arbres, les températures actuelles "sont les plus chaudes depuis au moins six cents ans", précise la NOAA.

Ce même rapport est à l'origine d'une demande de fonds faite à la Maison Blanche par Al Gore, alors vice-président, pour un plan de lutte contre l'effet de serre. Voir page "acteurs internationaux".

Des chercheurs de la NOAA ont trouvé qu'entre 1991 et 1994, années El Niño, l'océan Pacifique a rejeté 30 à 80% de CO2 en moins. Cette étude a été publiée dans Nature, en date du 15 avril 1999. Les scientifiques estiment la quantité de CO2 présente dans l'atmosphère en calculant la quantité d'énergie fossile brûlée. Mais 2 milliards de tonnes de CO2 sont manquantes chaque année. Selon la NOAA, une réduction des rejets de CO2 du Pacifique durant les épisodes El Niño pourrait expliquer 16 à 36% du CO2 "manquant".

"Obviously, we are very, very interested in where the CO2, which we are releasing every year during fossil fuel burning, ends up," précise Rik Wanninkhof, océanographe de la NOAA.

Précédemment, il a été montré que les épisodes El Niño contribuaient à la croissance végétale, ce qui a pour effet de réduire la concentration en CO2 dans l'atmosphère. Le Pacifique nord absorbe le CO2 rejeté par les océans tropicaux, ce qui en fait un des plus importants "puits de carbone" (lieu qui absorbe du CO2). El Niño intensifie ce processus par la décroissance des alizés, si bien que les eaux froides riches en CO2 ne remontent plus (fin de l'"upwelling" ou résurgence). Par conséquent, il y a moins de CO2 rejeté dans l'atmosphère.

Selon l'étude de la NOAA, le Pacifique équatorial a relâché 900 millions de tonnes de CO2 en 1996, année normale, contre 300 millions en 1992, 600 en 1993 et 700 millions en 1994.



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