Quand nous avons commencé notre recherche sur les liens entre El Niño et le réchauffement global, le premier site visité a été celui de la NOAA sur lequel, parmi les questions les plus fréquemment posées (F.A.Q.), on peut trouver "What is the ralationship between greehouse warming, El Niño / La Niña and climate prediction ?" et "Why can't I find any information about link between El Niño and global warming ?" Les réponses publiées sur le site de la NOAA sont qu'il n'y a pas de modèle établi permettant d'obtenir des preuves réelles de lien entre El Niño et le réchauffement climatique. Les modèles informatiques n'arrivent pas en effet à simuler à la fois El Niño et le réchauffement dû à l'effet de serre.
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Selon Pascale Delecluse, du laboratoire Lodyc de l'Université Paris VI, "les simulations numériques tentant de démontrer un lien entre El Niño et le changement global sont encore trop théoriques pour être concluantes". D'autre part, elle remet en cause les conclusions obtenues par les paléoclimatologues (voire la page "étude de coraux"). |
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Hervé Le Treut, du Laboratoire de Météorologie Dynamique de l'Insitut Pierre-Simon Laplace, explique qu'une fragilité conceptuelle des modèles numériques tentant de simuler les grands modes de variabilité du climat, tels El Niño, tient au fait que pour résoudre les équations physiques sur lesquelles ils se fondent, il faut se donner un maillage : les vents ou les courants, la température, la vapeur d'eau, la salinité de l'eau océanique dans la trame d'un réseau assez lâche. Ce réseau fait quelques centaines de kilomètres selon l'horizontale, de l'ordre du kilomètre selon la verticale. Même les ordinateurs les plus rapides saturent pour les calculs de processus d'échelle plus petite. Quand on soumet ces modèles numériques à un effet de serre plus intense, tous réagissent par un réchauffement et une modification des régimes de précipitations. Cependant, les variations régionales peuvent être considérables et les modélisations des oscillations très différentes. Ainsi les conclusions ne peuvent pas être établies de manière définitive. |
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Citons enfin Pascale Poussart (du Laboratory for Geochemical Oceanography, Department of Earth and Planetary Sciences, Université de Harvard, Cambridge) qui établit clairement la présence de controverse : "dans un contexte où la communauté scientifique se questionne intensément sur l'impact des activités anthropogéniques sur le climat, il n'est pas surprenant de voir l'émergence d'un débat sur l'existence et le caractère d'un lien entre le réchauffement de la planète et ENSO. Puisque ce débat se trouve encore au stade embryonnaire, l'adoption d'une opinion ferme sur la question semble encore prématurée, peut-être même imprudente. En effet, il existe des difficultés inhérentes à l'étude de l'interaction entre ENSO et le réchauffement climatique. De part leurs interactions, chacun de ces phénomènes subit l'influence physique des autres constituants du climat d'une façon qui est distincte de son comportement en isolation." |
Depuis plus d'une dizaine d'années, les programmes d'obtention de données climatologiques in situ dans l'océan tropical Pacifique tels que le World Ocean Circulation Experiment (WOCE) et le Tropical Ocean Global Atmosphere Program (TOGA) jouent un rôle clé dans l'avancement d'une théorie portant sur la dynamique du couplage océan-atmosphère. Aujourd'hui, ces programmes sont regroupés sous l'égide de programmes internationaux comme CLIVAR et IPCC (voir la page "programmes internationaux")
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