Etude des carottes glaciaires et archéologie

 

Institut Orstom (Institut français de recherche pour le développement en coopération) : programme NGT (Neiges et Glaciers Tropicaux) Brüning Museum, Pérou et USIS (United States Information Service)
Chercheurs Bernard Francou et Bernard Pouyaud Walter Alva
Pays France Pérou et USA
Outil d'étude Carottes glaciaires Côtes du Pérou : fossiles de poissons, crustacés, mollusques
Lieu Pérou
Publication de l'étude Le Monde, 6 juillet 1997 Le Monde, 16 avril 1998
Position (lien entre El Niño et le réchauffement) Le réchauffement renforce El Niño Un climat plus chaud et plus humide a entraîné la disparition d'El Niño

Les carottes de glaces

Principe

Les glaciologues prélèvent des carottes jusqu'à des profondeurs de 2000 mètres sur les grandes masses de glace formées par les précipitations de neige qui s'accumulent chaque année au Groenland ou en Antarctique, en emprisonnant de l'air. L'analyse physico-chimique de ces carottes de glace permet d'obtenir des informations sur les conditions climatiques au moment de leur dépôt. En particulier, le rapport d'abondance entre l'isotope lourd de l'oxygène 180 et l'isotope léger 160 est d'autant plus grand que la température des océans qui ont donné naissance aux précipitations est plus élevée. L'âge des couches peut être évalué par comptage des strates annuelles. On peut ainsi dessiner l'évolution du climat terrestre au cours des 400 000 dernières années.

Le phénomène ENSO accélère la fonte des glaciers tropicaux andins, provoquant une hausse de la température de la troposphère et la diminution des précipitations. Ces glaciers sont particulièrement sensibles aux anomalies climatiques et constituent des témoins extraordinaires des variations des dernières décennies, voire de plusieurs siècles et les indicateurs les plus fiables du réchauffement global de la Terre.

Résultats

Les 2 chercheurs de NGT ont mis en place depuis 1991 un réseau d'observation sur les glaciers du Zongo et de Chacaltaya installant des stations météorologiques et divers dispositifs. Les carottes prélevées dans la glace permettent de déterminer avec précision l'abondance des précipitations des dernières décennies, mais aussi un calendrier de l'influence du Niño depuis des millénaires.

Depuis le début des années 1980, on observe une fonte générale et accélérée des glaciers andins. Les résultats des travaux "montrent que le recul mesuré a été trois fois plus rapide après 1980 que dans la décennie antérieure au Pérou. En Bolivie, il a été cinq fois plus rapide que pendant les quatre décennies précédentes." D'autre part, les carottes glaciaires permettent la mise en évidence du réchauffement climatique par l'analyse des bulles de gaz piégées dans la glace, ce qui montre qu'un réchauffement plus important est bien à l'origine de l'augmentation de la fréquence et de l'amplitude des phénomènes ENSO.

 

Le glacier de Chacaltaya (Bolivie) après l'événement El Niño de 1997/98

L'archéologie

Les traces laissées par les inondations sur les monuments anciens situés au Pérou tels que le monument de Sechin, de la vallée de Casma, ceux de la Salinas de Chao ou le centre cérémonial de Purulen, ainsi que les empreintes laissées dans la géomorphologie du désert montrent que les effets dévastateurs d'El Niño se sont fait sentir depuis près de 4000 ans. Walter Alva, l'archéologue Péruvien, a ainsi étudié les civilisations Mochica et Lambayeque et a montré que leur disparition était liée a des mégas El Niño.

Cette théorie a été confirmée par des géologues et archéologues Américains. Ceux-ci ont déduit par l'analyse et la datation de restes fossilisés de poissons, crustacés et mollusques tropicaux envahissant les côtes du Pérou lors du réchauffement des eaux occasionné par El Niño, que ce phénomène climatique n'avait pas "fonctionné" pendant 3000 ans, au milieu de l'Holocène, au cours d'une période comprise entre - 8000 et - 5000 ans, car il n'y a pas eu de fossiles retrouvés. Selon eux, cela serait dû au fait que le climat terrestre était plus chaud et plus humide que de nos jours et le premier El Niño aurait été enclenché par un changement climatique marqué, survenu il y a 5000 ans.

Ainsi, un réchauffement de la planète conduirait à la disparition des El Niño, à l'image de ce qui s'est passé pendant l'Holocène.



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